LACS ET PLANS D'EAU DE FRANCHE-COMTE

Le Lac des Rousses

Action concertée dans le cadre du
Système d'information sur l'eau du bassin Rhône-Méditerranée

Synonymes(s) : Appelé autrefois Lac Quinsonnet ou Lac Quintenois

TYPE ET
LOCALISATION
Type de plan d'eau
Départements
Région
Communes riveraines
MORPHOLOGIE Surfaces
hautes et basses eaux
Longueur et largeur
Altitude du plan d'eau
Profondeurs et volume

Temps de renouvellement
Marnage
Bathymétrie
BASSIN VERSANT Surface
Altitude maximale
STATUT JURIDIQUE
ET ADMINISTRATIF
barrevermarron.gif (820 octets) Statut foncier
Propriétaire
Droit d'eau 

Gestionnaire
Police des eaux

Catégorie piscicole



Le lac des Rousses  (photo Jean-Pierre METTETAL)

 

 


TYPE ET LOCALISATION

 

 
Type de plan d'eau lac (avec petite retenue réhaussant le niveau du lac de quelques centimètres).
Région Franche-Comté
Département Jura (39)
Commune riveraine Commune de Les Rousses
N° carte IGN au 1/25000 3327 Est

Cadre géographique et humain

Le lac des Rousses se situe sur la commune de Les Rousses, dans une combe nommée " le val de l’Orbe " de direction Nord-Est / Sud-Ouest, au niveau de la frontière Suisse, à 11 km au SE de la ville de Morez ; il est encadré par deux versants boisés : au Nord-Ouest par le Massif du Risoux, au Sud-Est par le Massif du Noirmont.

Occupation humaine et occupation des sols

L’habitat :

Sur le BV du lac, les habitations résident en quelques hameaux (Les Rousses d’Amont au Sud-Ouest, Les Landes Devant, Les Plans, Les Berthets, Le Gravier) et par un habitat diffus.

Par sa vocation touristique, la population varie de 6 200 à 22 500 habitants en hiver.

Le pourtour immédiat du lac ou des tourbières, au Sud, est en prairie : on y trouve des bovins.

Intérêt patrimonial

Le tourisme :

La commune des Rousses est une station de sports d’hiver, qui possède des pistes de ski alpin et de ski de fond ; lors d’hiver très rigoureux et sans neige, la surface gelée du lac sert également de terrain privilégié pour la pratique du patin à glace et du char à voile (2 à 3 semaines) ; l’été, le tourisme vert joue un rôle croissant, avec des programmes de randonnées (pédestres, équestres ou à VTT) et des activités sportives diverses (base nautique : 1-2 mois l’été : Club des Sports ; baignade, canoé, planches à voile, pêche : Société de Pêche de Morez (pour le lac), et de l’Orbe (pour l’émissaire)).

Les pompages pour l’Alimentation en Eau Potable :

  • Les pompages :

Le lac des Rousses sert également à l’alimentation en eau potable du Syndicat Intercommunal des Eaux du Plateau des Rousses ; le fonctionnement du Syndicat est confié par contrat d’affermage à la société SDEI (Société de Distribution d’Eau Intercommunale). La population sédentaire desservie par le réseau est de plus de 6 000 personnes (6 Communes, 3389 abonnés) ; pendant les périodes de tourisme d’hiver, la population s’élève à plus de 20 000 personnes ; le cheptel bovin (1600 têtes) et les canons à neige (75 000m3) sont également de forts consommateurs d’eau potable. Le Syndicat dispose, en plus du réseau de distribution, de deux branchements de vente d’eau en gros à Morez (ZAC Sur le Puits de Morez), à Chaumont, au SIE du Col de la Faucille et à St Cergue (Suisse).

La crépine se situe à 5-7m de profondeur, à une vingtaine de mètres du rivage, et la conduite d’arrivée des eaux donne dans une bâche en équilibre statique avec le niveau du lac. Quand il y a retournement des eaux, le lavage des filtres se fait plus souvent.

  • Besoins actuels et futurs :

En 1996, le volume total annuel pompé dans le lac est de 986 000 m3, avec un débit de pointe de 4 400m3/j, un débit moyen journalier de 2 700 m3/j et 25 307 m3/an de consommation industrielle.

La variation des besoins en fonction des saisons est importante, du fait du tourisme d’hiver et d’été ; les besoins les plus importants dus à la fréquentation touristique sont observés pour les mois de février-mars et juillet-août.


MORPHOLOGIE

 
Surface moyenne du plan d'eau (en ha) 90
Longueur maximale (en m) 2000
Largeur maximale (en m) 500
Altitude du plan d'eau (en m) 1059
Profondeur maximale (en m) 19
Profondeur moyenne (en m)  
Volume (en millions de m3) environ 10
Temps de renouvellement environ 1 (estimé)
Marnage maximum (en m)  
Bathymétrie disponible Oui



BASSIN VERSANT

 
Surface, plan d'eau non compris (en km²) 12,1
Altitude maximale (en m)  
 

Bassin versant

Le bassin versant a une superficie de 13 km² . Le lac des Rousses est logé dans une " gouttière " à structure synclinale, tapissée de terrains Crétacé marno-calcaires et de dépôts glaciaires imperméables.

L’environnement végétal :

Un paysage de tourbière s’étend sur la rive Sud, SE, ainsi qu’à l’exutoire N ; la rive NE est occupée par la prairie ; la forêt colonise les massifs du Risoux (au NO) et du Noirmont (au SE). L’agriculture réside essentiellement en l’élevage de bovins pour le lait, et la fabrication de fromage. A noter la présence de deux golfs (Golfs du Rochat - 45 ha, du Mont-St-Jean - 50 ha, traversés par le Bief Noir, au Sud) fonctionnant 6 mois par an.

La commune des Rousses est incluse dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura. De plus, la vallée de l’Orbe est protégée pour sa richesse, principalement à cause des tourbières, dans le cadre de protection des zones humides : on trouve ainsi la ZNIEFF concernant le lac (n°0060, de type II : la Vallée de l’Orbe, de 501 ha), celle de la forêt du Risoux couplée à l’Arrêté de biotope (de type II, 4340 ha ; Grand Tétras).



DÉLIMITATION DU BASSIN VERSANT
HYDROGÉOLOGIQUE

Fonctionnement

Émissaire :

L'émissaire du lac est l’Orbe qui s’écoule en direction de la Suisse (NE : Bassin Versant du Rhin), qui traverse le lac de Joux avant de retrouver le Rhin ; cependant, le lac de Joux pourrait donner en partie naissance au Doubs. On se trouve en fait à la limite du partage des eaux, sachant que les eaux de la partie Ouest de la commune s’écoulent pour leur part en direction du Rhône.

Aménagement à l’exutoire : un barrage régulateur a été installé sur l'Orbe, à la Planche Paget (Le Vivier des Rousses) : ce seuil provisoire en palplanches est censé créer une surélévation du niveau du lac, ce qui constituerait ainsi un stockage supplémentaire ; cet ouvrage provisoire est destiné à soutenir les étiages de l’Orbe et permettre d’augmenter les prélèvements dans le lac sans aggraver la situation à l’aval, c’est à dire en Suisse ; depuis 1992, la vanne située à mi-hauteur du seuil est réglée toute l'année à un débit de 100 l/s.

Hydrogéologie : le Karst :

A proximité du lac, on constate la présence de roches calcaires fissurées, domaine privilégié du contexte karstique ; l’eau s’infiltre par l’intermédiaire de zones d’infiltration préférentielles (fractures, fissures, dolines et pertes ) et suit des chenaux, ce qui finit par créer d’importants réseaux karstiques ; les eaux réapparaissent sous forme de sources (résurgences et exurgences) lorsqu’elles rencontrent les couches de marne imperméable, ou lorsque leur niveau est mis à jour par la topographie. De nombreux champs de lapiaz (surface creusée de cannelures et de rigoles séparées par des lames tranchantes), dolines (dépression circulaire dont le fond est tapissé d’un résidu argileux), avens (gouffres qui s’ouvre sur les profondeurs), pertes, grottes (et gouffres) sont les témoins superficiels de l’activité karstique profonde (gouffre du Risoux, grotte de Baume des Bégnines...)

Caractéristiques morphodynamiques :

Le lac possède une surface de 90 ha, une profondeur maximale de 17m, et un volume d'environ 10 millions de m3.

L'allongement de la cuvette lacustre dans le sens des vents dominants, notamment de la bise, (NE/SO) semble permettre des courants assez énergiques de l’eau dû au forçage : le vent souffle l'eau en surface qui va "s'accumuler" à une extrémité et a pour conséquence de rapporter à l'extrémité opposée une partie des eaux froides du fonds. (Delebecque).


STATUT JURIDIQUE ET ADMINISTRATIF

 
Statut foncier Communal
Propriétaire Commune de Les Rousses par achat à un particulier en 1972 ; berges sont des propriétés privées, excepté certaines zones (Rocher du lac, tourbière (SE et NE) appartenant à la commune).
Droit d'eau Il appartenait à M.Lamy ; désormais, un accord a été trouvé entre les héritiers de M.Lamy et la Syndicat des Eaux ; par le passé, M.Lamy qui turbinait les eaux de l’exutoire s’était considéré comme lésé par le manque à gagner dû aux pompages dans le lac.
Gestionnaire Le droit de pêche est gracieusement prêté à la société de Pêche de Morez par la commune des Rousses.

Police des eaux

DDAF
Catégorie piscicole  
 

Particularités

Salage (routes)

Perturbations du cycle thermique (T° élevée au fond) : origine inconnue.

Tourbières : génératrices d’acides humiques : surcharge en matière organique.

Etat de santé

Vulnérabilité

- Vulnérabilité naturelle du lac :

* le renouvellement de la masse d’eau est assez lent, du fait des faibles volumes et des débits modestes et irréguliers des affluents.

* de plus : la longue période hivernale ralentit les processus de transformation des MO, et d’assimilation des sels minéraux.

* enfin : les sédiments issus de la tourbière (au caractère réducteur) sont peu hospitaliers.

- Médiocre qualité des affluents et apports excédentaires en MO réductrices, en sels minéraux.

- Apparition d’espèces qui n'avaient pas été observées en 1904 par MAGNIN, pourtant observateur très attentif :

* Potamogeton pectinatus, et filiformis : (non mentionné par MAGNIN) : au comportement polluorésistant : signal d’alerte

* Prolifération de la Baldingère (sur les rives du lac) au comportement polluorésistant

* Nitella opaca : (fréquente dans les eaux peu profondes)

* prolifération d’algues filamenteuses (en 1994) : pollutions locales (assainissement)

Cohérence avec la régulation des débits :

Le barrage du musée de la Boissellerie à Bois d’Amont fonctionne par éclusées, ce qui n’est pas sans porter préjudice aux peuplements piscicoles, notamment pour la reproduction des Brochets (exondation de frayères) : en effet des variations importantes de débit sont inhérentes à un tel fonctionnement. On pouvait noter également un colmatage algual dans l’Orbe, et un fort marnage dus à ce barrage. Ce barrage ne semble plus avoir d’influence aussi désavantageuse d’après la Société de Pêche.

Eaux usées et assainissement :

A noter de grandes améliorations en ce domaine (depuis le rapports DDA Jura - 1979) : disparition de la porcherie des Berthets, stockage et traitement par une entreprise spécialisée du sérum de la fromagerie, évacuation des boues de la station de pompage.Actuellement, les EU sont collectées par un réseau principalement séparatif (32 km de séparatif, pour 5 km d’unitaire) ; elles sont envoyées pour une faible part à la STEP de Bois-d’Amont (de capacité 5 000 eqh), et principalement vers la STEP de Morez (1 300 eqh), avec traitement par boues activées (avec déphosphatation). Les boues sont déshydratées et épandues sur les terres agricoles selon les plans d’épandage établis par la DDAF du Jura.

Cependant, il reste quelques lacunes :

- l’habitat diffus n’est pas raccordé au réseau collectif (rive O : au lieu-dit " Le Vivier des Rousses " correspondant à une vingtaine d’habitations, et partie E, à l’aval du lieu-dit " Le Gravier " ainsi qu’à " La Bourbe " représentant une dizaine de maisons) ; les systèmes d’assainissement individuel présentent des dysfonctionnements.

- problèmes d’eaux parasites dans les réseaux sous-entendant des problèmes d'étanchéité.

- déversements des déversoirs d'orage (DO) par temps de pluie, dans le lac, via le ruisseau du Bief Noir (zone de La Cure - SUISSE : raccordée au réseau français des Rousses par un réseau unitaire) : il existe d’ailleurs un compteur permettant de connaître les débits arrivants du coté helvétique sur le réseau français ; à noter des problèmes d’eaux claires parasites en provenance de Suisse (5l/s : donc assez conséquent)

- déversement par une bouche d'égoût (tampon) (Les Rousses d’Amont)

- dysfonctionnement de la station de relevage des EU (Golf des Rochats) et déversements du DO (en temps de pluie) : ces problèmes sont dûs en partie à des pannes occasionnelles.

Le raccordement du Vivier des Rousses sur le réseau collectif pourrait être envisagé par le Syndicat, et permettrait ainsi le traitement à la STEP de Bois d’Amont. Du coté de La Bourbe, une petite pompe de relevage permet déjà l’envoi des EU d’une dizaine d’habitations en direction de Bois d’Amont.

Par contre : sur la plage, un sanitaire a été installé, et les EU (du Chalet et des sanitaires) sont relevées et injectées dans le réseau.

Les apports en engrais et produits phytosanitaires :

  • apports agricoles :

Les activités agricoles sont peu nombreuses, du fait des conditions climatiques rudes : il n’existe aucune culture, seulement un élevage de bovins ; certaines exploitations sont vouées à une cessation d’activité rapidement et sans succession.

Les grandes quantités de fumier et de lisier (accumulées durant les 6 mois d’étable, au minimum) impliquent une faible utilisation d’engrais. Les terrains situés à proximité du lac sont des prés de fauche : les pâturages se trouvent alors vers les pentes ; après le regain, les bovins pâturent sur les prés de fauche.

  • apports non agricoles :

- Les 2 golfs :

Particularité : les greens sont confectionnés avec de l’herbe importée, limitant ainsi en théorie l'emploi de produits phytosanitaires.

Utilisation d’engrais complet sur le golf des Rochats (15N-9P-15K).

Produits phytosanitaires : Diuron (herbicide de type " urée substituée " : décelé en dose faible en 1994 (pas en 1996), alors qu’il n’était pas déclaré dans l’enquête préliminaire.

- Golf du Rochats : " Roural green " : fongicide (Iprodone)(20l/ha sous forme diluée : 1l dans 25l d’eau pour 500 m2, 4 fois/an, sur 7000m2)

" Floranid permanent " : engrais complet (400 kg/ha, 1 fois/an, sur 5000m2 ; 15%N-9%P-15%K),aucun engrais sélectif.

- Golf du Mont-St-Jean :

Les produits phytosanitaires utilisés peuvent varier d’une année sur l’autre d'autant qu'ils sont nombreux et variés ; il faut savoir également que les analyses étaient reproduites aux mêmes endroits.

- Routes :

- accotements : des désherbants sont utilisés le long des glissières de sécurité.

- ouvrages d’art : un traitement anti-mousse est effectué pour éviter leur détérioration

- déneigement : de la potasse d’Alsace (KCl ; NaCl) est utilisée ; une étude avait été réalisée dans le but de définir l’influence du salage des routes sur la qualité des eaux du lac : il en est ressorti que les effets ne se faisaient pas ressentir trop fortement.

- Domaine skiable ; aménagement touristique :

On suppose qu'il existe un traitement de la végétation autour des pylônes.

Surveillance sanitaire des eaux de baignade :

L’eau n’est pas analysée pour le lac des Rousses, vu qu’il ne devrait pas y avoir de baignade, étant donné qu’il existe des pompages destinés à l’alimentation en eau potable.

AEP :

Eau brute non-conforme (présence de streptocoques fécaux et de coliformes totaux)

Les Poissons : (en 1985)

  • le Lac :

Le Droit de Pêche est gracieusement prêté à la Société de Pêche de Morez par la Commune des Rousses ; auparavant, cette dernière devait payer la location à l’ancien propriétaire. Il y a encore quelques années, la Société se servait du Grépillon comme ruisseau d’alevinage pour la truite régionale (barrée ou rayée) et la Truite fario classique : désormais il semble que les ressources du lac soient satisfaisantes, les poissons sont donc réimplantés dans la Bienne. Seules un alevinage de Perches est effectué (700kg en 1997). La Société loue actuellement 3 barques pour les pêcheurs.

  • Composition :

Deux peuplements se superposent : l’un à pleine eau, à Corégone ; l’autre à Cyprinidés (dominés par la Perche : Percidés et le Gardon (" la Rousse ") : Cyprinidés) ; la faune piscicole correspond bien à un lac classé en 2ème catégorie à carnassiers abondants.

  • Etat sanitaire :

L’examen sanitaire révèle le bon état général des poissons. On peut juste noter la présence d’une maladie virale, la Nécrose Pancréatique Infectieuse, qui peut s’avérer lourde de conséquences pour le renouvellement naturel des populations, car elle entraîne des troubles mortels chez les alevins. Les pêcheurs notent également une amélioration concernant l’amas d’algues sur les berges.

Mode de gestion

A l’avenir, la construction de maisons individuelles peut être autorisée ; la construction d’usine, d’hôtels, de campings, de station-service... sera soumise à autorisation préalable. La construction d’étables, de porcheries, la mise en place de dépôts d’ordures, l’exploitation de carrières, sablières, tourbières, la création de pisciculture seront interdites ; de même, le drainage des zones tourbeuses et marécageuses sera prohibé ; d’ailleurs les rigoles de drainage seront comblées, car elles constituent autant de drains apportant la pollution en direction du lac.