Bulletin de situation hydrologique
des bassins Rhône-Méditerranée et Corse
du 19 novembre 2004

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Version résumée

 

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Résumé de l'année hydrologique 2003-2004

Septembre et octobre 2004
En ce début d’année hydrologique, la fin de l'étiage apparaît avec plus d'un mois de retard. L'arrivée des pluies tardives en fin de mois d'octobre est favorable à l'état des cours d'eau (reprise des écoulements dans les secteurs critiques) et de la vie aquatique piscicole ainsi que des réserves superficielles. Les nappes du bassin enregistrent un retard de recharge dans la partie nord-est et en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Juillet et août 2004
Juillet 2004 a été marqué par la poursuite du déficit hydrographique enregistré depuis six mois sur l'ensemble du bassin. Les fortes pluies du mois d'août ont permis de soulager une situation devenue préoccupante et ont bénéficié aux réserves d'eau superficielle, aux rivières et aux aquifères karstiques du nord et de l'est du bassin.
En revanche, à la fin août la situation reste très préoccupante sur les cours d'eau de la partie sud du bassin, sur l'ensemble de la région PACA, la frange littorale méditerranéenne, la vallée du Rhône et ses affluents jusqu'à la hauteur de Valence, ainsi que les bassins du Tech, de l'Aude et de la Lozère en Languedoc-Roussillon.

Mai et juin 2004
Pour mai et juin 2004, des pluies trop faibles et irrégulières maintiennent la situation  de sécheresse sur l'ensemble du bassin, mis à part en Languedoc-Roussillon ; les milieux aquatiques et notamment les eaux souterraines  gardent encore la mémoire de l'été 2003.

Mars et avril 2004
Des pluies très inégalement réparties occasionnent un net déficit hydrologique dans le sud-est, et plus encore dans le nord du bassin où les grands aquifères présentent encore les cicatrices des conditions exceptionnelles de l'an passé.

Janvier et février  2004
Les excès de l'an passé se trouvent compensés par des conditions moyennes à légèrement excédentaires.

Novembre et décembre 2003
Les phénomènes records en pluviométrie et hydrologie apparus en décembre, ne bouleversent pas une situation globale plutôt moyenne.

Septembre et octobre 2003
Héritiers d'une situation exceptionnelle en sécheresse et en température, ces deux premiers mois hydrologiques entament un retour à la normale avec des variations locales et pour ce qui est des grands aquifères, une inertie intrinsèque.

Situation résumée à la fin octobre 2004

Pluviométrie
Les pluies du mois d'août avaient commencé à soulager la situation d'étiage devenue préoccupante sur le bassin. Le mois de septembre globalement sec a été suivi par un mois d'octobre pluvieux surtout dans la dernière décade. Octobre marque la fin de la période sèche avec des précipitations sur l'ensemble du bassin inégalement réparties qui se concentrent plus particulièrement sur le Jura, la vallée du Rhône et les Cévennes où le cumul mensuel de précipitations a dépassé parfois les 300 millimètres. Sont en partie épargnés la partie sud de la région Languedoc-Roussillon, le sud-est de la Corse et la Savoie.

Cours d'eau

  • En Franche-Comtéles fortes précipitations de la fin du mois d'octobre ont provoqué une vive réaction des cours d'eau surtout dans le Doubs supérieur et certains de ses affluents comme la Dessoubre et la Gland. Les signes de fin de sécheresse apparus en Franche Comté dès le mois de septembre se sont confirmés en octobre.
  • En Bourgogneau mois d’octobre, le début de la période de recharge est sans tendance vraiment marquée en ce commencement d'année hydrologique.
  • En Rhône-Alpesl'étiage tardif a perduré jusqu’aux épisodes pluvieux de la fin du mois. Ces pluies ont eu un fort impact dans les rivières dont les débits sont à l’heure actuelle très soutenus.Des crues ont également été observées sur les cours d’eau des départements de l’Ardèche, de la Loire, du Rhône et de l’Isère sans toutefois que les périodes de retour présentent un caractère remarquable.
  • En Provence-Alpes-Côte d'Azurmalgré une très nette remontée à la fin de septembre, les débits moyens mensuels des cours d’eau sont restés tous très nettement au-dessous de leurs débits moyens observés les années précédentes. Début octobre, une prolongation des étiages a été constatée jusqu’à l’arrivée tardive des pluies qui n’ont pu combler le retard constaté. Les pluies de fin octobre ont heureusement permis une très nette remontée des débits des cours d’eau, remontée trop tardive pour avoir un effet significatif sur la valeur moyenne du mois.
  • En Languedoc-Roussillonle tarissement estival s’est poursuivi jusqu’à mi-octobre. Les rivières de l'Ouest de la région, le Tech, le Têt et le bassin amont de l'Aude se sont trouvés dans des situations d'étiage très sévères. Le retour des pluies à partir de la troisième décade d’octobre a généré des petites crues, qui permettent aujourd’hui de retrouver des valeurs conformes aux normales saisonnières.
  • En Corseon observe une situation relativement homogène et normale des débits de base des cours d’eau, dont la fourchette des valeurs de la période de retour est de 5 années sèches à 3 années humides, à l’exception du Porto à Ota, très sec et du Taravo dans une moindre mesure.
  • En ce qui concerne les rivières du bassin de la Saône, la situation, encore nettement inférieure à la normale en début du mois d'octobre avec des débits de base des cours d'eau compris entre 3 et 7 ans secs, s’est nettement redressée en fin de mois marqué par l'apparition des premières pluies dans la Bresse ou le Clunisois.
  • Sur le bassin du fleuve Rhône, en août, la pluviométrie soutenue sur l'ensemble du bassin rhodanien a entraîné une hausse notable des débits permettant de sortir de la situation d'étiage. La centrale nucléaire de Tricastin a connu une situation de pré-alerte début août, mais les seuils de température de rejets des eaux de refroidissement de la centrale autorisés n'ont pas été dépassés (note de la Direction de l'eau du 13 août 2004 à ce sujet). Le mois de septembre a été caractérisé par des débits en dessous des normales liés au déficit pluviométrique. Mais les pluies du mois d'octobre principalement en fin de période ont entraîné des épisodes de crues dans le sud du bassin du Rhône.

Eaux souterraines

  • En Franche-Comtéaprès un mois d'août particulièrement pluvieux, de fugaces remontées de nappe spectaculaires ont été constatées  : en effet, après la décrue, les niveaux sont redescendus au niveau du début du mois précédent. Les pluies du mois d'octobre ont entraîné également des hausses importantes de niveaux des aquifères de l'ordre de 1,50 à 2 mètres et de plus de 4 mètres dans le karst profond du Doubs. Il faudra encore beaucoup d'épisodes de ce type pour compenser la longue période de déficit des réservoirs souterrains que connaît la région.
  • En Bourgognesur le bassin de la Saône, les nappes souterraines ont vu leur baisse stoppée et ont même commencé à se remplir avec quinze jours à trois semaines d’avance sur la normale grâce aux pluies du mois d'octobre.
  • En Rhône-Alpesdans l'ensemble, des nappes ont connu des hausses récentes à l'exception du sud de la Drôme dont les niveaux restent inférieurs à la normale. Pourtant certaines nappes de la région continuent à être dans des situations fortement déficitaires comme le Pays de Gex, le Genevois et la Dombes rejointes par celles du sud de la Drôme.
  • En Provence-Alpes-Côte d'Azurle mois d'octobre n'a pas connu sur la région de précipitations significatives, sauf au cours de la dernière décade en plusieurs secteurs de la région. Ces évènements, intenses, de quelques jours, ont fait remonter les moyennes mensuelles et rempli les réserves utiles des sols superficiels et profonds. La baisse des nappes s'est donc maintenue jusqu'à la fin octobre, où une remontée des niveaux s'est amorcée dans l'est de la région, sans que les valeurs mensuelles soient sensiblement affectées.
    Les aquifères alluviaux de la Crau et de la basse Durance, artificiellement alimentés par l'irrigation gravitaire, restent la plupart du temps à des niveaux élevés malgré l'arrêt de la période d'irrigation.
  • En Languedoc-Roussillonen cette fin de tarissement saisonnier, les niveaux des nappes sont conformes aux moyennes inter annuelles voire supérieurs à l'exception des secteurs très influencés connus en Languedoc-Roussillon.
    l
    es précipitations du mois d’octobre fréquentes mais modérées n’ont pas encore rechargé significativement les principales nappes surveillées en Languedoc-Roussillon mais permettent toutefois le maintien du niveau des nappes proche des moyennes inter-annuelles.
  • En Corsed’une manière générale, les niveaux se situent en ce début d’année hydrologique entre une situation légèrement supérieure à la normale et une situation de fréquence décennale humide.

Milieux aquatiques et peuplements piscicoles

Même si l’étiage estival a pu se prolonger jusqu’à la fin septembre dans certains départements, les précipitations de la fin octobre ont conduit à une augmentation nette des débits et permis une remise en eau de l’ensemble du réseau hydrographique du bassin excepté sur certains cours d'eau des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-de-Haute-Provence.
La période d'étiage de cette année a été jugée beaucoup moins importante que celle de 2003 en particulier du fait de températures moins élevées, à l'exception de la Drôme. Même si le manque d'eau a pu devenir sensible, voir critique, la faible durée de l'épisode de sécheresse a relativement limité les impacts sur les peuplements et les mortalités ont été relativement faibles et éparses. Néanmoins, certains départements ont été particulièrement touchés comme l'Ain, l'Isère, la Drôme et  l'Ardèche et dans une moindre mesure la Savoie. 
Cependant dans la Drôme, la situation a été jugée catastrophique jusqu'à la mi-août, se traduisant par un assèchement exceptionnel des eaux de surface, qui, combiné aux prélèvements agricoles importants et aux rejets divers, a conduit à des mortalités piscicoles importantes sur de nombreux cours d'eau du département (Véore, Drôme aval, Genette amont, Gervanne, Roubion, Toulourenc, Vence, Aiguemarce, Ouvèze, Guimand, Barberolle, Galaure, Ecoutay aval, Herbasse, Savasse…). 

Présentation du Réseau d'Observation de Crise des Assecs (ROCA) sur le site du conseil supérieur de la pêche.

Mesures prises en vue de la préservation de la ressource en eau

L'expérience de 2003 a mené un grand nombre de départements à prendre des arrêtés cadre en vue de la gestion et préservation de la ressource en eau (départements 21, 71, 01, 07, 26, 42, 69, 48, 04, 05, 84).
Ils ont été suivis de l'application d'arrêtés de restriction des usages de l'eau, notamment en régions Bourgogne, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'azur (voir bulletin précédent de fin août 2004).

rdbrmc.gif (1317 octets)   Action concertée dans le cadre du Réseau de Bassin Rhône-Méditerranée-Corse